L'artiste et l'éprouvette
retour sur l'Art à l'épreuve de l'information

par Alban Saporos


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Bien sûr, il est impossible de prédire les évolutions artistiques à venir ; "l'Art à l'épreuve de l'information" a été taxé d'essai de futurologue, alors que ce n'était pas son intention.
Peut-être le Système Nerveux Artistique ne parviendra-t-il jamais à s'arroger un tel pouvoir ; peut-être les artistes seront-ils si révulsés que la manipulation biotechnologique sera stoppée net.
Ceux qui ont cru déceler le défaut de la cuirasse de "l'Art à l'épreuve de l'information" dans les événements artistiques et économiques de l'année ont fait fausse route. Je l'ai déjà dit, rien de ce qui s'est passé dans l'Histoire de l'Art International en 1999 n'invalide ma thèse d'origine : aujourd'hui les collectionneurs et la démocratie libérale demeurent la seule option réaliste pour tout Art qui aspire à appartenir au monde moderne.
L'erreur fondamentale de "l'Art à l'épreuve de l'information" se situe sur un plan tout à fait différent. La possibilité de la Fin de l'Art dépend de l'existence d'une anthropologie artistique qui soit fondée en nature.
Depuis le début du XXe siècle, divers mouvements ont émergé, prétendant dépasser la condition naturelle de l'artiste pour fonder un artiste nouveau, libéré des préjugés et des contraintes du passé. A la fin du XXe siècle, l'échec de ces expériences a démontré les limites des avant-gardes artistiques et a consacré un monde libéral, fondé sur un art de marché et enraciné dans une conception traditionnelle de la nature et de Dieu.
Cependant, il se pourrait que les méthodes mises en ?uvre par les avant-gardes artistiques du XXe siècle - socialisation en bas âge, embrigadement, camps de travail? - aient été un brin trop frustes pour altérer le substrat naturel des comportements artistiques.
Aujourd'hui, les possibilités infinies des sciences modernes suggèrent que d'ici deux ou trois générations, nous disposerons des connaissances et des technologies nécessaires pour réussir là où les avant-gardes artistiques ont échoué. A ce stade, nous aurons définitivement mis un terme à l'Histoire de l'Art car nous aurons aboli l'artiste en tant que tel.
Alors, une nouvelle histoire post-artistique pourra commencer.

Alban Saporos
"L'artiste et l'éprouvette, retour sur l'Art à l'épreuve de l'information"